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Histoire de la musique tango
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Avant 1895
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Le tango est interprété par de petits groupes de musiciens jouant du violon, de la flûte et de la guitare. Il est purement instrumental et assez éloigné du tango que l’on connait aujourd’hui.
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1895
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Prudencio Aragon écrit El Talar, première composition appelée "tango criollo" (criollo signifiant indigène, donc argentin).
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1897
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Rosendo Mendizabal (pianiste) écrit El Entrerriano (de Entre Rios, province d’un de ses clients réguliers), le plus vieux tango encore interprété de nos jours.
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1903
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Angel Villoldo (chanteur-guitariste) écrit El Choclo, le premier grand tango. Littéralement “épi de maïs”, les paroles de Villoldo seront changées en 1947 par Enrique Santos Discépolo.
Une forte immigration européenne a amené beaucoup d’italiens à Buenos Aires, notamment des napolitains. Ils apportent avec eux un style d’interprétation plus lyrique du violon et une influence mélodique de la chanson napolitaine, donnant naissance à cette beauté mélodique caractéristique du tango argentin.
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Vers 1910
Vieille Garde 1 |
Arrivée du mythique bandonéon, probablement apporté par des immigrants allemands vers les années 1880. Inventé par un certain M. Band, né probablement à Hambourg, le bandonéon n’est rien de moins qu’un orgue portatif à 69 voix. La musique jusqu’alors au caractère vif et léger prend grâce à lui une modalité beaucoup plus grave, cadencée, plaintive et sentimentale.
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1912 |
Premier orchestre à succès, Juan Maglio dit "Pacho", bandonéiste, est accompagné de flûte, violon et guitare. Le bandonéon est confirmé comme l'instrument clé du tango, le piano remplace peu à peu la guitare.
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1913 |
Année du Tango. Le développement de la musique tango est directement lié à la danse tango qui s'exporte partout dans le monde par l'intermédiaire tout d'abord des marins du port de Buenos Aires. De même, les riches familles d'Argentine (pays parmi les plus prospères de l'époque) envoient leurs enfants étudier en Europe, voyagent beaucoup et exportent ainsi la danse tango. Paris et l'Europe entière en tombent amoureux, lui donnant ses lettres de noblesse et lui ouvrant les portes des salons de Buenos Aires.
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1915 |
Le tango chanté est généralement humoristique et trace souvent un portrait de la vie dans les rues de Buenos Aires. Pascual Contursi écrit Mi Noche Triste qui sera repris par Carlos Gardel en 1917. Celui-ci, alors chanteur folklorique déjà connu, modifie les paroles et chante l'histoire d'un amoureux abandonné, plein de passion et de peine. Succès immense, l'amour tragique devient un thème récurrent du répertoire tango et le tango devient universel.
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1916 |
Roberto Firpo (pianiste), créateur du sextet (2 bandonéons, 2 violons, 1 piano et 1 contrebasse) formation classique de la orquesta tipica, se voit présenter une marche par un jeune uruguayen appelé Gerardo Matos Rodriguez et accepte de l'arranger en tango. Le résultat donnera La Cumparsita (petite fanfare) qui deviendra le tango le plus connu au monde.
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1920-1930
Vieille Garde 2
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Les premiers artistes sont pour la plupart des autodidactes mais peu à peu de vrais musiciens s'intéressent au tango. Deux grands courants se dessinent alors, d’un côté les partisans de la tradition soucieux de plaire à un public de danseurs et de l’autre, des musiciens plus novateurs davantage axés sur l’interprétation musicale que sur la danse.
Parmi ces derniers, le chef d'orchestre et violoniste Julio de Caro. Son orchestre comprend vers la fin des années 20 et du début des années 30 le célèbre et doué bandonéoniste Pedro Laurenz. Il présente une nouvelle complexité et élégance en musique, ralentissant le pas, mais le rendant moins populaire auprès des danseurs de son époque.
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1935 |
Juan d'Arienzo, violoniste plutôt moyen, dirige par contre son orchestre avec beaucoup de talent et privilégie le rythme par rapport à la mélodie. Avec le pianiste Rodolfo Biagi, il créé un modèle plus rapide, avec un rythme "électrique" caractéristique que les danseurs trouvent complètement irrésistible. Les "puristes" y voient un manque de subtilité et d'innovation (De Caro aurait apparemment prédit que leur succès ne passerait pas l'été, critique que D'Arienzo ne lui pardonnera jamais), les danseurs au contraire l'affectionnent et reviennent sur les pistes de danse. Le nouveau rythme "électrique" devient si populaire que même De Caro accélèrera le tempo vers la fin des années 30.
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1935
Age d'Or |
C'est le début de l'Age d'Or, grâce à l’apport de véritables artistes une ère d'intense création musicale s’ouvre pour le tango. La musique se fait plus raffinée et élaborée, les arrangements prennent une importance majeure, compositeurs, arrangeurs, auteurs lyriques et chanteurs, tous marquent le tango de leurs empreintes.
Après la dépression économique et le regain d'intérêt de la danse suscité par D'Arienzo, les immenses salles remplies de danseurs nécessitent des formations musicales toujours plus grandes. De grands orchestres se créés (parfois plus de 20 musiciens), menés entre autres par Anibal Troilo, Carlos di Sarli, Miguel Caló, Alfredo de Angelis ou Osvaldo Pugliese.
Dans les bals, on danse sur trois rythmes différents : celui proprement dit du tango, sur le rythme de la valse et sur celui de la milonga qui est plus rapide et plus enjoué que le tango.
Cette dernière délaissée jusqu'en 1930 resurgit dans les œuvres de Sebastian Piana et Homero Manzi avec Milonga Sentimental et Milonga del 900.
Dans les tangos chantés, le texte acquiert une importance primordiale. Le tango a d’abord eu son propre langage, le lunfardo, une sorte d’argot né dans les quartiers populaires de Buenos Aires. Les malfrats s’en servaient en prison pour ne pas être compris des gardiens (lunfardo signifie voleur).
Puis naît toute une littérature, une poésie du tango, qui retracent les peines et les désillusions d’un monde. Nostalgie du passé, souffrances des hommes abandonnés par des femmes toujours "fatales" et sources de ruine et de malheur, désenchantement devant un monde immoral et injuste où les travailleurs, les exclus, n’ont pas leur place, tels sont entre autres les thèmes évoqués dans ces tangos chantés.
Parallèllement, le tango instrumental atteint peut-être son apogée avec Osvaldo Pugliese. Son style est reconnaissable entre tous, sa musique, pleine d’accents dramatiques, est très expressive.
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Fin des années 40
Transition
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Les musiciens commencent à s'intéresser aux concerts, enregistrements et programmes radio, délaissant peu à peu le tango "pour danser" au profit du tango "à écouter". Les chanteurs sont las aussi des contraintes rythmiques imposés par le tango dansé.
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1955
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La chute de Perón et la nouvelle politique mise en place touche durement le tango. Les nationalistes péronistes encourageaient la musique argentine et limitaient, par des quotas, la diffusion des musiques étrangères. Le nouveau gouvernement au contraire, refusant ce qui pourrait rappeler le nationalisme péroniste, décourage le tango et importe entre autres le rock and roll. Les réunions de plus de 3 personnes sont interdites rendant impossible l'ouverture des dancings et certains grands artistes sont emprisonnés pour leurs liens avec les péronistes.
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1950
1960
Tango Nuevo |
Un jeune et brillant bandonéiste, Astor Piazzolla, quitte Buenos Aires pour Paris. Il a joué dans l'orchestre de Anibal Troilo, déjà composé ses propres arrangements et formé son orchestre en 1946. Se rendant compte qu'il lui serait difficile d'obtenir le succès en restant dans le registre du tango traditionnel, il mélange tango, jazz (il a séjourné aux Etats Unis) et musique classique pour créer ce qu'il appelle le tango nuevo. Estimant que sa musique devrait être plus écoutée que dansée, il donne un rythme jazzy très différent de ce qu'attendent les danseurs.
La première fois que le tango de Piazzolla a été entendu à Buenos Aires, beaucoup d'argentins ont crié au scandale. Mais l'influence récente des musiques d'Amérique du Nord et de l'Europe ainsi que le succès mondial de Piazzolla ont calmé rapidement les esprits. Musiciens et danseurs se sont adaptés et Piazzolla est devenu le chef de fil d'un nouveau genre de tango.
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1983 |
La chute de la junte militaire en Argentine et le succès phénoménal dans le monde entier du spectacle Tango Argentino la même année, remet de nouveau le tango sous les projecteurs. Musiciens et danseurs sont réunis à la hâte à Buenos Aires pour créer des spectacles de tango, à l'instar de Tango Argentino et de sa tournée mondiale. Les jeunes veulent de nouveau apprendre à danser le tango, les milongas (dancings) réouvrent et les gens qui n'avaient plus dansé depuis 25 ou 30 ans y reviennent petit à petit.
Le nouvel intérêt pour la danse a créé une demande de la musique de tango de l'Age d'Or, nécessitant des rééditions, d'abord sur cassettes, puis sur CDs. Des stations de radio diffusant du tango 24h/24 (FM Tango) sont ouvertes suivies d'une station sur le câble, Tango Solo.
Une nouvelle génération de danseurs et de musiciens, élevée avec le tango nuevo, ou sans tango du tout, commencent à redécouvrir la tradition. La plupart des enregistrements récents sont encore fortement influencés par Piazzolla mais quelques plus jeunes musiciens se rendent compte qu'une grande partie de leurs publics se trouve dans ceux qui sont venus au tango par la danse et regardent alors vers l'Age d'Or pour s'en inspirer.
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1999
Tango Moderne
Tango Electro |
Gotan Project (gotan = tango en verlan) débarque et inaugure un nouveau style de tango moderne qui touche aussi un public non "tango argentin".
L'étape supplémentaire vers la modernité nous amène au tango electro, fusion entre le tango et la musique électronique, avec pour certains une prédominance de la musique électronique mais qui acquiert peu à peu son public.
La musique et la danse tango vivent et évoluent avec leur époque, ce qui en fait toute leur richesse.
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