Cet album est une invitation au voyage avec des tangos, des musiques influencées par le tango ou des mariages entre tango et musique traditionnelle. De l'Amérique du Sud à l'Europe de l'Est, de l'Afrique à l'Europe du Nord, on va découvrir ou redécouvrir des artistes très populaires dans leurs pays.
Je passerai rapidement sur les titres et artistes déjà connus des tangueros habitués aux milongas. Hugo Diaz(Argentine) et son célèbre harmonica, Juan Carlos Cáceres(Argentine) et sa voix suave et rocailleuse, Daniel Melingo(Argentine) et sa voix éraillée, Electrocutango(Norvège) que les niçois ont découvert grâce à Céline Ruiz et Damian Rosenthal.
Toujours chez nos voisins nordiques, Kangastus du groupe M.A. Numminen & Sanna Pietiäinen(Finlande) est un tango très (trop) marqué avec une forte présence du bandonéon et du piano.
On connaissait déjà le Papirosen de Zully Goldfarb, voici un 2ème tango associant la culture juive et sud-américaine avec Fortuna(Brésil) et son Tango Idishe où la contrebasse donne le rythme aux violons et clarinette.
Dimba de Ousmane Touré(Sénégal) est mon coup de cœur dans cet album. Ce n'est pas un tango, mais l'association du rythme africain (n'oublions pas que la habanera est à l'origine du tango), de la voix profonde et coloré d'Ousmane Touré et les accents parfois vifs, parfois plaintifs du bandonéon nous donne un titre envoutant qu'on ne se lasse d'écouter.
Pena de Federico Aubele(Argentine) est un tango-boléro comme Farol de Santa Maria de Mizrahi-Longhi ou Por Estas Calles de Jaime Wilensky. Agréable à écouter mais perturbant à danser si on est aussi danseur de boléro.
Le voyage musical nous emmène aussi en Grèce avec Alexis Kalofolias et Thanos Amorginos(Grèce), mais leur Gia Ligo n'est pas comparable au magnifique To Tango Tis Nefelis de Haris Alexiou.
Il est intéressant de voir que le tango influence aussi les pays slaves mais Earth Wheel Band(Serbie) et leur Gipsy Tango ne m'ont pas convaincu.
Le fado est un cousin du tango avec des origines similaires. Né au début du XXème siècle, le fado est une musique de mauvais garçons de Lisbonne, il est l'expression de la "saudade", tristesse empreinte de nostalgie. Estrela da Tarde de Liana(Portugal), c'est la rencontre entre fado et tango, agrémentée de rythmes électroniques, le temps d'un beau poème de José Carlos Ary Dos Santos : "Mon amour, mon amour je ne sais pas vraiment si tu es ma joie ou ma peine...".
C'est donc un album agréable à écouter et les DJs pourront se servir de certains titres pour construire une tanda de tangos alternatifs. Rappelons qu'une partie des bénéfices sera reversée à L.I.F.E. Argentina qui travaille à l'amélioration de la qualité de vie des enfants défavorisés et exclus de la société Argentine.